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Le blog de Cathy Yogo
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17 avril 2020

Il convient de réguler le marché des masques

 

 

dr otu

Dr. Pascal Owona Otu : Pour le médecin, expert en prévention des comportements à risque, il faut éviter les dérives allant de la surenchère à de dangereuses pratiques à l'instar de la vente de masques dans la rue.

Depuis lundi 13 avril dernier, le Cameroun a rendu le port du masque obligatoire dans tous les espaces publics.

On est d’accord que les masques seuls ne

peuvent pas arrêter la pandémie du Covid-19. Le masque constitue l’une des solutions à associer aux autres mesures prescrites dans la lutte contre le Covid-19. Autant sur le plan national, qu'international, de nombreux professionnels de santé s’accordent sur le fait qu’il permet de limiter la propagation du virus, mais n'est en réalité suffisamment efficace, que lorsqu’il est bien mis, lorsque tout le monde en porte un et, lorsqu’il est systématiquement associé au lavage fréquent des mains à l'eau et au savon ou à la désinfection constante de celles-ci avec une solution hydro-alcoolique.

Que valent les masques en tissus face aux modèles FFP2 ou chirurgicaux ?

S’ils respectent des conditions sanitaires, les masques en tissus sont aussi importants dans la lutte contre le Covid-19. Il s'agit ici d'une alternative pour les populations aussi bien sur le plan sanitaire, que sur le plan économique. Le but du port du masque étant de limiter la propagation des postillons lorsqu'une personne parle, tousse et éternue. Tout se situe au niveau de sa perméabilité. Le port du masque en tissu, si celui-ci respecte les conditions préalables de fabrication, constitue bel et bien un moyen de protection. C'est pour cette raison que certains protocoles de fabrication locale de masques suggèrent de multiplier les couches de tissus et même d'insérer entre elles du coton. Après l’achat et à la fin de la journée, l’usager doit laver son masque en tissu à l'eau et au savon, le faire sécher, le repasser, puis il peut l’utiliser à nouveau.

Comment utiliser correctement son masque ?

L'utilisation correcte du masque commence par le choix d'un masque adapté à la morphologie de son visage et, d’un masque qui respecte les conditions liées à sa fabrication comme indiqué plus haut. Ce qui veut dire que le masque doit bien épouser la forme du visage et bien recouvrir le nez, la bouche et le menton. Avant de porter son masque, il convient de laver ses mains ou de les désinfecter. Attraper son masque par l'un des bords, les élastiques ou les cordes, afin d'éviter d'en manipuler le corps. Enfin, une fois mis, il convient d'éviter de le manipuler.

Comment amener la population à s’habituer au port du masque ?

L’adaptation a toujours constitué une condition essentielle à la survie d'une espèce. La pandémie du Covid-19 nous sort de notre zone de confort. Les uns et les autres doivent juste percevoir le port du masque comme une nécessité et s'y adapter par l'usage constant. Par ailleurs, l'État peut solliciter des structures spécialisées pour permettre la disponibilité desdits masques, leur qualité, ainsi que leur promotion. A travers les moyens de communication et d'information dont il dispose, il peut également participer à l'apprentissage des populations quant au bon usage de cet outil. Le port du masque peut-il être proscrit à une catégorie de personnes.

Ces personnes qui ont de la gêne à respirer ou des phobies ?

Le port du masque ne représente pas en soi un danger, surtout lorsque les conditions optimales de fabrication et d'utilisation sont respectées. Hormis des contre-indications spécifiques pouvant être induites par des pathologies bien précises, il n'y a pas de véritables soucis pour la majorité des personnes. Par ailleurs, le port du masque peut paraître encombrant pour les personnes qui n'y sont pas habituées. Dans tous les cas, lors des campagnes de promotion, il est important d’attirer l'attention des populations sur le fait qu'il s'agit d'une alternative. Le fait de limiter les déplacements et d'éviter les regroupements constitue l'attitude la plus recommandée.

Et pour ces personnes qui refusent tout simplement de le porter?

Tout comme nous avons habitué les populations à l'écoute d'une chanson ou à la promotion d'un comportement, il est possible de les amener progressivement à s'adapter au port du masque. Après avoir créé l'environnement favorable au changement de comportement, on active les leviers du changement. Cela passe entre autres par l'usage des moyens de communication, par la disponibilité desdits masques et dans certains cas, par la répression.

Comment organiser sa commercialisation ?

Afin d'éviter les dérives de toute sorte allant de la surenchère à de dangereuses pratiques à l'instar de la vente de masques dans la rue, il convient de réguler ce qui semble être aujourd'hui un nouveau marché et même une opportunité en tenant compte du contexte, de l'urgence, de la sécurité du produit et de la disponibilité de celui-ci.

L’Etat ne peut-il pas distribuer les masques comme il l’a fait avec les moustiquaires imprégnées ?

Il est bel et bien possible de distribuer les masques. Il s'agit de se rassurer d'avoir les ressources matérielles et financières nécessaires pour le faire. Pour le cas du Cameroun, si la fabrication d'un masque s'évalue à 500 Fcfa par exemple, en fabriquer et distribuer 25 millions reviendrait à investir près de 12 milliards de Fcfa. Il me semble que l'État à lui tout seul ne puisse pas se permettre cela compte tenu des nombreux autres défis (prise en charge des patients, plateaux techniques, ...). L’Etat doit décentraliser la lutte contre le Covid-19. Ainsi, les autorités administratives et les Mairies pourront mobiliser les initiatives locales et les organiser en fonction des besoins. Dans le cadre de la gestion de cette crise, la consultation, par les Mairies, de professionnels pouvant les aider à établir un plan local de riposte partant sur la base du plan national est une voie à explorer.

Propos recueillis par Cathy Yogo

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Commentaires
C
Bonne lecture. Une Interview assez édifiante sur le port du masque et sa commercialisation
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  • Ce blog est un clin d’œil au quotidien des immigrés en France, ma terre d’accueil depuis 2013. Un regard curieux de la journaliste que je suis. Une envie d’interpeller la société en peignant notre vécu de belles couleurs. Une simple envie de m’évader.
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