Le Covid-19 peut s’inviter au micro

Certains médias ont pris des mesures de prévention pour faire travailler leurs collaborateurs, tout en respectant les règles sanitaire permettant d'éviter une éventuelle contamination du Covid-19. Au quotidien Le Jour, en plus des conférences de rédaction et de titres via Whatsapp, selon Haman Mana, pour se rendre sur le terrain les reporters ont des masques. A Canal 2, le service de permanence est assuré par trois reporters. Masques et gels hydro-alcooliques sont à la disposition de tous, nous assure Arnaud Nguefack. A la Crtv, la consigne est claire. Il faut changer les bonnets des micros autant que faire se peut ou tout simplement les protéger. A Cameroon Tribune, une distance d’un mètre au moins est respectée entre les ordinateurs. Le Syndicat national des journalistes du Cameroun (Snjc) dit veiller au grain.

Seulement, par endroits, des journalistes sont obligés de partir en reportage sans ces protections. Une situation inquiétante. «Nous travaillons la peur au ventre. N’ayant pas reçu d’indications particulières de notre hiérarchie, encore moins de quoi se protéger du Covid-19, nous faisons avec les moyens du bord». Témoignage d’un journaliste qui préfère garder l’anonymat. Ces propos illustrent le risque de contamination auquel peuvent encore être exposés des journalistes exerçant au Cameroun.

On remarque néanmoins que certains journalistes de terrain n’appliquent pas toujours les mesures de protection contre le Covid-19. Dans des reportages diffusés à travers les chaines de télévision camerounaises, entre le reporter et l’interviewé, les mesures de distanciation sociale ne sont pas toujours respectées. Certains micros, enregistreurs, téléphones et autres, sont parfois positionnés trop près de la bouche de l’interlocuteur. Le reporter et l’interviewé ne portent généralement pas de masques. On remarque également que les objets d’enregistrement, les micros notamment, ne sont pas protégés. Dommage. Car selon les virologues, les microphones sont des nids à microbes qu’il faut désinfecter et recouvrir de cellophane ou de tissu protecteur. Par ailleurs, pour respecter les distances avec les personnes interviewées, il faut privilégier l’utilisation de perches de son et interdire des micros-cravates.

En France, la situation n’est pas non plus gaie pour tous les journalistes. A cet effet, le Syndicat National des Journalistes (Snj) a rappelé qu’il convient impérativement de « munir les équipes sur le terrain de gels hydro-alcooliques, de lingettes pour nettoyer les postes de travail, de masques protecteurs, de gants, afin que les journalistes puissent exercer leur mission d’information, en restant en bonne santé et sans propager le virus». Et de poursuivre : « Aucun journaliste ne doit être contraint de partir en reportage sans les conditions de sécurité nécessaires. Ce dernier peut alors exercer son droit de retrait, s’il estime qu’il y a un danger pour lui et pour autrui ».

Selon le Nouvel Obs, mercredi 18 mars dernier, Serge Cimino, journaliste à France Télévision et délégué syndical Snj, a quitté la rédaction en invoquant ce droit fondamental. « Nous donnons des conseils aux Français à l’antenne et nous ne les respectons pas en interne », regrette-t-il.

Cathy Yogo

photo : Capture d"écran du journal de Canal2